On pense souvent que le téléchargement illégal a « tué » l’industrie musicale et, plus largement, les industries de contenus culturels (Films, jeux vidéos, etc.).
C’était ce que je pensais jusqu’à découvrir un papier extraordinaire …
… présentant une étude empirique selon laquelle le téléchargement illégal avait un effet légèrement positif sur les ventes de musique et de streaming légal. Cela m’a évidemment interloqué, d’autant que cela venait du « Joint Research Center », un organe rattaché à la Commission Européenne.
Vu que je ne trouvais pas de vraie synthèse sur le sujet, je me suis dit que j’allais la faire. J’ai creusé et, plus j’avançais, plus je voyais que les certitudes vendues par les institutions étaient absurdes.
En gros, le raisonnement suivi était que le téléchargement illégal diminuerait les ventes de musique parce que les consommateurs préféreraient pirater (gratuitement) que payer et cela serait mauvais parce que cela diminuerait les incitations à produire de la musique et donc la production de musique.
Les études empiriques adressant la question étaient truffées d’erreurs. Voici les grandes catégories :
- La mauvaise prise en compte des changements technologiques (I.A.1 ; I.A.3 ; II.B.1 ; II.C.1,2,3,4)
- L’inobservation des actions de l’industrie du disque, qu’il s’agisse de sa gestion (I.A.2), de son rejet de l’innovation (II.D.2 et 3) ou de sa violence envers les consommateurs (II.D.4 ; II.E.3).
- Le mauvais contrôle de variables, telles que le revenu (II.A), l’intérêt pour la musique (II.B) et l’impact des produits concurrents (II.C.2).
- Les artistes ne sont pas les majors, les ventes de CD ne leur rapportent pas grand-chose et ils ne sont pas motivés que par l’argent. (III.A)
Je conclus :
- que la corrélation entre développement du téléchargement illégal et baisse des ventes de musique est discutable ;
- qu’à la supposer existante, elle ne renseignerait d’aucune façon sur la variation des profits engendrés et n’aurait donc en soi pas de signification ;
- qu’à supposer qu’elle soit existante, et signifiante, les études ne pourraient d’aucune façon prétendre avoir isolé les différentes variables biaisant les observations ;
- et, enfin, qu’à supposer tout cela établi, l’impact allégué sur la production ne serait absolument pas prouvé, voire réfuté par les données empiriques.
Vous pouvez le trouver ici :